La cloche « Adélaïde »
Bonjour,
Je m'appelle Adélaïde et je suis cloche. .Je le sais depuis ma naissance et le resterai à jamais. J'habite ici à Chavençon, dans le clocher de votre église et j'en suis très fière.
Fière aussi de participer par mes sonneries à la vie du village...........à votre vie.
![]() Comme toutes mes sœurs, je suis de forme « campaniforme » ; je suis creuse pour pouvoir recevoir un battant qui, lorsque je me balance, tape sur mes côtés et provoque le son.
Sur ma tête, au-dessus de l'axe qui repose sur une belle charpente en bois et que l'on appelle « beffroi » (le bois absorbe les vibrations dues au choc du battant} se trouve un contrepoids appelé mouton qui me permet d'osciller sans trop me fatiguer. Mon rôle principal est de rythmer la vie quotidienne, tant profane (gestion du temps par l'horloge) que religieuse (Angélus, Messe, Mariages, Enterrements).
J'ai également été utilisée comme système d'alerte pour des évènements graves, comme le feu, les invasions ou la fin d'une guerre ; je sonnais alors à toute volée, c'était le tocsin.
Dans certaines régions de France, je sonnais pour guider les voyageurs ou les habitants par temps de neige (en Lozère par exemple).
Personnellement mes sonneries préférées sont l'Angélus, les mariages et les baptêmes.
![]() Je n'ai pas beaucoup de détails sur ma fabrication, mais selon toute vraisemblance, j'ai été fondu par un maître fondeur utilisant un alliage de bronze et d'étain (2o%), alliage connu sous le nom de métal à cloche, mais je ne connais pas le nom de cet artisan.
Je ne suis pas très grande car je mesure 84 cm pour ma hauteur et 78 cm de diamètre pour mon tour de taille au plus fort ; je suis bien à l'abri de la pluie dans ce clocher et bien aérée par 4 ouvertures grillagées ; cela empêche les pigeons de venir me recouvrir de blanc car je suis de couleur gris très foncé.
Je suis revêtue de 2 textes et de 2 symboles religieux, ce qui me permet de me situer géographiquement : au nord, une vierge couronnée (photo 1 ) au sud un Christ (photo 2) à l'ouest le texte 1 (photo3) et à l'est le texte 2 (photo 4); à l'intérieur, aucune inscription (photo)
Je vais maintenant vous parler un peu de moi plus en détail, si vous me le permettez.
Bien que n'étant, qu'une modeste cloche de village, un évènement imprévu a fait que je suis différente des
autres et cela marque mon originalité.
Certains humains croient qu'il est possible de vivre plusieurs vies (comme l'auteur de cet article par exemple, qui est certain d'avoir été un animal dans une vie précédente, un élan du Canada dit-il, c'est un ex-élan !!!!!
Quant à moi, je suis certaine d’en être à ma seconde vie ; en effet, j’ai été fondu en 1601, date de ma création, puis à un moment de mon existence dont j'ignore la date, s'est produit un accident et j'ai eu la malchance d'être brisée. Je ne sais pas combien de temps je suis restée dans cet état, mais grâce à la générosité des habitants de Chavençon, j'ai été refondue en 1891 (texte 1).
C'est à cette date, que pour suivre la tradition et pour inaugurer ma renaissance, la cérémonie de mon baptême fût organisée.
La tradition veut que nous soyons considéré comme un être vivant !!!C'est la raison pour laquelle nous avons un parrain et une marraine et qu’il nous est choisi un nom de baptême (en général celui de la marraine)
Mon parrain fût Charles Nibault et ma marraine Adélaïde Levasseur d’où mon nom de baptême (texte 1)
Depuis 1891, je contemple votre village, perchée à12 mètres et je peux vous assurer que j'ai assisté à des évènements de toutes sortes - mais je ne suis pas cafteuse -
Ma fonction actuelle est de sonner les heures, les demi-heures et 3 fois par jour l'angélus.
Pour respecter votre tranquillité, je ne sonne plus la nuit et je ne double plus mon tintement à chaque heure.
C’est un marteau extérieur qui me frappe pour marquer les heures, alors que pour faire sonner l'Angélus, c'est moi qui me balance permettant au battant de me faire résonner.
Je suis automatisée depuis quelques années.
![]() Je me souviens avec émotion du temps pas si lointain, où quelques Chavençonnais venaient, le dimanche midi, pour sonner l'Angélus en tirant sur la corde, à l'ancienne ; maintenant, tout cela est simplifié et bien plus régulier grâce à l'automatisation.
Cependant, il m'arrive quelquefois, d'avoir de petites sautes d'humeur et de tomber en panne ; dans ce cas, on fait appel à mon médecin spécialiste : la maison Huchez.
Je pourrais vous parler encore longtemps de moi et vous narrer quelques anecdotes, vous présenter mon cousin le bourdon, mes cousines, lesquelles regroupées, forment le carillon, vous décrire la technique de ma fabrication......... mais je crois avoir été déjà très bavarde.
![]() Toutefois, avant de se quitter, il me reste à vous promettre de faire le maximum pour ne sonner qu’à l’occasion des évènements, qui vous seront à tous, agréables.
Je remercie encore la population de Chavençon car sans sa générosité, je n’aurais jamais pu revivre
Inuti1e de vous dire que j'ai été très honorée de pouvoir revivre grâce à leurs dons; car tout le monde n'est pas digne d’un don !!!!
Nouvelle rédigée en 2008 par notre ami Dominique Lavoye, grand serviteur de Chavençon et amateur d’histoire et d’histoires – conseiller municipal de 1989 à 2008 et Maire adjoint de mars 2008 à septembre 2009.
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